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zelinelebeau

Je ne le referais plus jamais ! (Novembre 2017)


Après une très, très, longue traversée du désert,

parce que je veux absolument finir d'écrire "Mes lettres" et qu'au final, je me suis bloquée toute seule...

(Un taureau, c'est têtu il paraît ? ! ? )

Il a suffit d'une idée de prompt (Merci Aurore  !) pour relancer la machine !!

Le sujet qui m'a inspiré ?



Et quels ont été les heureux gagnants ?

Joris et Nathanaël de Loving Chamallow !

Alors je vous préviens, si vous êtes allergique à la "sucritude" et la "mignonitude",

ce petit texte en est rempli...

Pour rappel Loving Chamallow est un mix des Péchés de Gourmandise et de Luxure !

Il se pourrait qu'un jour, si j'arrive à écrire leur roman à ces deux-là, cette scène y trouve sa place   .

Bonne lecture...


Je ne le referai plus jamais…

La journée allait être longue.

Ce fut la première pensée de Joris en se levant ce matin-là. Au radar, il laissa son nez suivre l’arôme alléchant du café et ses pieds le guidèrent péniblement jusque dans la petite cuisine où Jézabelle terminait son petit-déjeuner. Elle semblait déjà prête à affronter sa journée avec une énergie qui lui faisait cruellement défaut, à lui son jumeau. C’était insupportable dès le matin, toute cette bonne humeur !

Il salua sa sœur d’un hochement de tête et peina à articuler son « b’jour » avant d’attraper sa tasse pour y verser le précieux breuvage. Il n’était pas encore assis que sa démoniaque frangine ouvrit les hostilités.


– Alors, c’est quoi ton programme aujourd’hui ? Tu fais l’ouverture de la Tanière Givrée ce matin ? Ah non, c’est vrai, suis-je bête ! Nathanaël est forcément le premier sur place ! ricana Jézabelle, ouvrant de nouveau la bouche pour balancer une nouvelle salve de questions.

Joris leva une main devant lui dans un geste vain pour la stopper. Et bien évidemment, cela ne fonctionna pas. Sa jumelle adorait l’énerver dès le matin et ce rituel durait depuis qu’ils étaient mômes. Même leurs parents n’avaient pas réussi à la faire taire. Emmerder son frère semblait être son passe-temps matinal préféré. Il chérissait sa sœur autant qu’il la détestait dans ces moments-là. Cette manie de l’agresser verbalement le matin alors qu’il émergeait toujours aussi laborieusement des bras de Morphée, c’était… C’était vraiment devenu… Une partie essentielle de son rituel de réveil. Mais pour rien au monde, il n’aurait avoué à sa sœur que ses provocations matinales lui étaient aussi indispensables que sa dose de caféine.


Il cacha son sourire derrière sa tasse, ne voulant pas se trahir. Il observa les rayons du soleil éclairer le visage de Jézy. Dieu que sa sœur était jolie, sa longue chevelure encadrant parfaitement son visage mutin. Il avait de la chance qu’elle soit toujours sa colocataire et qu’aucun petit ami ne la lui ait encore enlevée.


Ce qui malheureusement ne saurait tarder. Mais pour l’instant il refusait d’imaginer ce qui allait se passer lorsque Jézabelle emménagerait avec Jason. Les deux J, ne serait plus Jézy et Joris mais Jézy et Jason ! Rien que d’y penser, il avait envie de faire disparaître le jeune homme. Bien que cela ne ferait que retarder l’inévitable. Jézy finirait par le quitter un jour ou l’autre, il devrait s’y résigner s’il souhaitait réellement le bonheur de sa jumelle.


Cette pensée raviva sa tristesse à l’idée de leur future séparation. Il n’était pas prêt. La solitude l’effrayait et l’attirait également. Un paradoxe sur lequel son ancien thérapeute aurait adoré se pencher.  Pourtant, il n’avait pas le choix. Jason ne  le savait pas encore mais son sort était lié étroitement aux jumeaux et bien plus encore à Jézabelle. La magie les avait guidé l’un vers l’autre. Leur union n’était qu’une simple question de temps. C’était écrit. À lui de faire en sorte qu’elle ne se sente pas coupable de laisser son jumeau derrière elle. Et pour cela, il connaissait une méthode infaillible.


– Ça y est ? C’est bon ? Ta langue de vipère a terminée ? Ou bien tu es déjà en manque de réparties, Jézoubelle La Pas Belle? essaya-t-il de la narguer en utilisant le surnom dont il l’avait affublé un jour et qu’elle détestait.

– Ouh lala, c’est petit ça ! Mais c’est qu’il est encore tout grognon le môsieur ! Qu’est-ce qui t’arrives Jor ? Tes ragnagnas sont en avance ? Tu as encore tâché tes draps en rêvant de ton garou de patron ?


Et voilà, la vision d’un Nathanaël torse nu, en train de lécher amoureusement… Nan ! Stop ! Machines arrière toutes ! Il allait disjoncter dans peu de temps s’il laissait la vision défiler.


– Eh oh ? Allô la Terre ? Jézabelle à Joris ? On atterrit !


Sa frangine agitait une main devant ces yeux depuis quelques secondes lorsqu’il réagit enfin à sa présence, quelques centimètres à peine les séparant.


Le jeune sorcier piqua un fard sous le regard hilare qui le dévisageait un peu trop méticuleusement. Être démasqué si rapidement, c’était la loose. Il devait faire une drôle de tête parce que Jézy se tordait littéralement en deux de rire.


– Bon d’accord, c’est bon, t’as gagné ! confessa-t-il finalement. Tu peux arrêter de ricaner comme ça ! C’est pas sexy du tout une fille qui fait ce bruit-là.

– Oh Jor, tu verrais ta tête ! C‘est si facile avec toi ! s’exclama la jeune fille que la remarque n’avait pas vexé un seul instant.

– Ouais, ben n’en rajoute pas quand même, hein ! Je te rappelle que tu me dois le respect, c’est moi l’aîné !


Les jumeaux s’observèrent mutuellement quelques secondes avant de tomber dans les bras l’un de l’autre, dans un fou rire général. Il leur fallut bien cinq minutes supplémentaires pour se calmer, se resservir une tasse de café et trinquer à leurs bêtises réciproques.


Après cela, ils terminèrent leur petit-déjeuner tranquillement, discutant de tout et rien jusqu’à ce que le nom de Nathanaël revienne dans la conversation.


– Tu sais, Jor, je ne regrette pas de t’avoir forcé la main pour que tu acceptes d’aller travailler à la Tanière. Depuis que tu y vas, je retrouve mon frère. Non, ne souris pas. Ou plutôt si, continue ! Il me manquait ce petit sourire en coin, expliqua-t-elle doucement. Et si c’est Nathanaël la cause du retour de ta joie de vivre, et bien je m’en félicite.


Elle posa sa main sur celle de son frère et la lui serra brièvement avant de se lever. L’émotion dans sa voix augmenta la confusion de Joris qui détourna le regard pour dissimuler les larmes qui lui brouillaient soudain la vue. Il renifla, pas si discrètement que ça, parce que Jézy lui secoua gentiment l’épaule en signe de compréhension. Depuis quand était-il devenu aussi sentimental ?


Il était temps de réorienter la discussion vers un autre sujet moins sensible. Et il ne trouva rien de mieux que de parler de… Son patron !


– Je tiens toutefois à préciser que je n’ai pas rêvé cette nuit ! Il m’a tellement énervé hier que c’est moi qui lui ai grogné dessus !

Sa sœur fit aussitôt demi-tour et revint s’assoir en face de lui, l’air soudain très intéressée par la nouvelle.

– Qu’est-ce que Nathanaël a encore fait pour te mettre dans cet état !


Elle posa les coudes sur la table, sa tête entre ses mains, et lui fit ce regard, celui qui l’obligeait à chaque fois à lui obéir, quand bien même il n’en avait pas envie.


– Eh bien… Il… a…, hésita le jeune homme avant de fermer sa bouche pour finalement se taire.

– Il a quoi ? Jor, purée ! Tu racontes oui ou zut ! Tu veux que je prenne le téléphone pour poser la question moi-même à ton charmant patron, insista-t-elle en lui faisant un clin d’œil malicieux.


Horrifié, Joris cria un NON retentissant. Hors de question que ces deux-là se parlent ! Il ne s’en remettrait pas. Il devait trouver une explication qui ne nécessiterait pas trop de détails pour satisfaire la curiosité de sa sœur et le tirer d’embarras.


– Écoute sœurette, tu connais la réputation des lycans et surtout celle de Nath… Nathanaël ? Et tu me connais moi ? Alors oui, il se pourrait que mon patron ait un léger faible pour moi (tu parles d’un euphémisme !) et que ses gènes l’aient conduit à être « légèrement » trop tactile avec moi devant certains clients entre autre et que j’ai dû… le repousser un peu brutalement… Et pour montrer mon… désaccord, je lui ai fait… je ne lui ai plus parlé de la journée.

– Tu as boudé ? Oh mon dieu, Joris mais quel âge as-tu ? Vous êtes incroyables, vous les hommes ! Incapable de reconnaître quand vous êtes attirés par quelqu’un. Comme si cela allait vous rendre… faibles ! Tu me déçois vraiment beaucoup Joris Sauvadier !


L’accusé essaya bien de se défendre mais Jézabelle ne lui en laissa pas le temps et quitta la cuisine en colère. Joris poussa un soupir de déception. En 24 heures, il s’était disputé avec les deux personnes qui comptaient le plus pour lui. Attends quoi ? Il connaissait Nathanaël depuis moins de… trois semaines. Comment c’était possible ? Le plus simplement du monde. Il n’avait qu’à fermer les yeux pour revivre les instants incroyables qu’il avait partagés avec Nath.


Merde ! Quel crétin il faisait. Il passa rageusement ses mains dans ses cheveux.


Pourtant, il lui était impossible d’expliquer à sa frangine qu’il n’avait agi que sous l’effet de la peur. Les nombreux regards argentés et affamés que son charismatique patron posait sur lui à longueur de journée, les mains baladeuses, aériennes et douces sur sa peau, cela ne l’insupportait pas autant qu’il voulait le faire croire. Mais les attentions du garou le rendaient… lui faisaient... Trop d’effets justement ? Et lorsqu’il s’était retrouvé coincé entre le comptoir et son corps ferme et chaud, il avait… pris feu sous l’assaut de lèvres trop gourmandes pour les éviter. Être dans les bras de Nath, c’était comme s’il rentrait enfin à la maison. Ce baiser dévorant et passionné, il lui avait retourné complètement l’esprit. Accroché au cou de l’autre homme, Joris s’était consumé sous les effets d’une passion dévastatrice jusqu’à ce qu’un client choqué ressorte du glacier en claquant la porte et le fasse sortir des brumes torrides dans lesquelles il était plongé.


Entre le baiser et la scène de la réserve (bon sang rien que d’y resonger, il durcissait), le jeune sorcier, une main pressée sur son sexe pour le remettre à sa place, était complètement déboussolé par la force des sentiments qu’il éprouvait pour le lycan. Nathanaël était si… alléchant, il était difficile de lui résister.


Et puis, cette histoire d’âme sœur, comment était-il censé le prendre ? Un amour prédestiné ne lui laissant aucun libre arbitre. Il avait du mal à le digérer, à l’accepter, surtout lorsque c’était lui qui était concerné. Cela pouvait fonctionner pour les autres, sa sœur, les lycans, mais lui ? Non, impossible ! Et tant pis s’il n’était pas logique avec lui-même.


Sans parler de l’omniprésence de son patron dans sa vie professionnelle et personnelle. À croire qu’il ne pouvait se passer de son employé, le collant la journée, le caressant au moindre prétexte et envahissant ses rêves la nuit. Joris était complètement dépassé, submergé par ce raz de marée sensoriel, si peu habitué à être touché par quelqu’un d’autre que sa jumelle.


Tout ce qui lui arrivait était trop bizarre. Trop d’un seul coup. Une overdose de sensations. N’arrivant pas à gérer cet afflux d’émotions, Joris avait littéralement explosé lorsque Nathanaël, enfin plutôt Blacky son loup, avait osé grogner sur ce pauvre Tom, un ami qu’il n’avait pas revu depuis plusieurs années. Tout à sa joie de le retrouver, il avait rapidement contourné le comptoir et l’avait attrapé pour l’étreindre chaleureusement. Un grondement menaçant les avait surpris, les faisant reculer pour regarder d’où il venait. Apeuré par la vision du lycan avec ses lèvres retroussées et sa posture agressive, les poings serrés, prêt à l’écharper, Tom avait décampé bégayant un au revoir incompréhensible.


Pour être honnête, Joris ne comprenait pas la rage qui l’avait emporté à ce moment-là. Il s’était rué sur le garou, son index frappant la poitrine musclée tout en lui criant dessus qu’il n’était qu’un odieux personnage sans moral et sans gêne, que son animal n’avait aucun droit sur lui et qu’il commençait à en avoir plus qu’assez de son comportement grossier et agressif. Même après l’avoir acculé contre le mur, il avait continué à lui hurler dessus et à le marteler de son poing, son index n’étant pas assez fort pour marquer sa colère. Nathanaël, silencieux,  l’avait laissé s’extérioriser, une expression bizarre sur le visage.


Lorsqu’il s’était enfin calmé, il était resté là, les bras pendants, la respiration sifflante, à fixer le visage de marbre du garou. Puis Nath s’était écarté de lui en faisant bien attention de ne pas le frôler et ils avaient passé le reste de l’après-midi à s’ignorer, l’un et l’autre refusant de s’excuser ou de faire le premier pas réconciliateur.


Le soir, ce fut d’une voix froide que ce dernier lui annonça qu’il n’avait qu’à rentrer chez lui et qu’il s’occuperait de la fermeture tout seul. Le jeune homme n’avait pas demandé son reste et avait filé vers la sortie.


Pourtant, il n’avait pu s’empêcher de jeter un regard derrière lui avant de refermer la porte. Il était encore mal à l’aise en se rappelant la dernière image qu’il conservait de Nath. Son foutu patron semblait complètement désemparé, de nouveau appuyé contre le mur, la tête basse, une posture très éloigné du comportement habituel du lycan, si arrogant et sûr de lui.


Les sentiments confus qu’il percevait, peine et déception mêlées, avaient donné envie à Joris de faire demi-tour et de lui demander pardon mais, têtu, il avait refusé de se laisser manipuler. Il était rentré chez lui en trainant les pieds, malheureux pour il ne savait quelle raison.


Et voilà, il était devant le glacier, la main sur la poignée, le cœur au bord des lèvres, hésitant et anxieux de ce qu’il allait trouver de l’autre côté. Il prit son courage à deux mains et entra dans la boutique.


Personne à l’intérieur. L’absence de Nathanaël était étrange. Il contourna le grand comptoir et se dirigeait vers la réserve lorsqu’il aperçut une trainée sombre par terre avec quelques taches, (comme des empreintes de pattes ?) qui allait de la réserve aux escaliers menant à l’appartement de Nath au premier étage. Un brin de peur se faufila en lui alors qu’il essayait de deviner l’origine de ce désordre. Si quelque chose était arrivé à son Nath alors qu’ils s’étaient quittés fâchés, il ne se le pardonnerait jamais. Il s’avança vers les escaliers lorsque la porte s’ouvrit brutalement, le sujet de son inquiétude déboula précipitamment et stoppa net devant son employé. Tous les deux sursautèrent. Joris de frayeur et Nath de bonheur à la vue de son Chamallow, trop heureux de son retour car il avait craint de ne plus le voir suite à leur dispute de la veille.


Ils s’observèrent quelques secondes, prenant plaisir à contempler l’autre. Le magnifique garou semblait être sorti de la douche en quatrième vitesse, des gouttes d’eau glissaient de mèches de cheveux humides pour aller terminer leur course dans le creux de sa nuque.


Le sourire éblouissant de Nath et son allure irrésistible de chiot mouillé donnèrent envie à Joris de l’enlacer et de l’embrasser tendrement, de passer ses doigts dans sa chevelure emmêlée. Et avant de réaliser ce qu’il faisait, le jeune homme s’avança jusqu’à toucher son compagnon, ses doigts frôlant une joue ombragée par un début de barbe.


Joris ferma les yeux, se mit sur la pointe des pieds et inconsciemment tourna ses lèvres vers le haut dans l’attente d’un baiser. Un souffle chaud les caressa puis dériva vers son oreille le faisant tressaillir. La chaleur d’un corps l’enveloppa puis le réchauffa doucement. Il était si bien, à sa place entre ses bras qu’il ne réagit pas à la phrase murmurée à son oreille. Il fallut qu’elle soit répétée une deuxième puis une troisième fois pour qu’il comprenne enfin que Nath lui avait parlé.


–  Est-ce que quoi ?

– Est-ce que ta magie est capable de faire le « ménage » ? l’interrogea à nouveau Nath, l’œil pétillant, conscient de l’état dans lequel il avait mis son Chamallow.

– Comment ça le ménage ?

– Ben oui, nettoyer, ranger, remettre en ordre, tout ça, quoi !

– Je peux savoir pourquoi, exactement tu me poses cette question bizarre ? s’étonna Joris en se détachant à regret de ces bras accueillants.

– Tu veux pas me répondre d’abord ?

– Non, lui répondit-il en croisant ses bras pour prendre l’air sévère d’un professeur devant un élève récalcitrant (une imitation parfaite de sa jumelle, tiens ). Tu craches le morceau d’abord.


Une étrange prémonition tournicotait dans sa tête, Joris sentait que quelque chose n’allait pas avec la demande surprenante de Nath. Il avait besoin de découvrir ce qui se tramait dans son dos. Le regard noir, il se contenta de le fixer en silence, patientant jusqu’à ce que Nathanaël n’ait plus d’autre choix que de se lancer.


- Chéri, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle

- Quelle est la bonne nouvelle ?

- Je ne le referai plus jamais

– Qu’est-ce que tu as fait ? Accouche ! s’énerva le jeune sorcier, déstabilisé malgré lui par l’usage du petit mot doux prononcé avec cette voix profonde et veloutée, aussi savoureuse que le sirop d’érable dont l’odeur flottait dans les airs.


Attiré par les effluves qui les entouraient, Joris renifla bruyamment, le nez dressé pour mieux sentir. Intrigué, il se pencha sur le garou, et suivi son odorat jusqu’aux cheveux de Nath.


– Il est à quel parfum, ton shampoing ? On dirait…


Une petite tâche marron derrière le lobe de l’oreille de l’autre homme attira son regard. Il tendit son index droit et le passa doucement dessus avant de porter le doigt à son nez puis à sa bouche. Nathanaël avait les yeux rivés sur sa langue qui vint lécher le bout du doigt.


– C’est bien ce que je pense ?


Un hochement de tête lui répondit.


– Tu m’expliques comment tu as réussi à te mettre du sirop d’érable ET du chocolat sur ta tête ?  demanda-t-il essayant de ne pas sourire devant l’air de chien battu que Nath arborait.


Ce dernier le contourna dans un mouvement rapide et désespéré pour l’empêcher de se diriger vers la réserve alors que Joris faisait demi-tour, un soupçon lui traversant l’esprit quant à l’origine des produits suspects.


– Nath, bouge de là ! Nathhh, enlève tes pattes de cette porte ! NATH ça suffit maintenant, arrête de jouer au gamin stupide et borné. Il faudra bien que j’entre un jour dans cette réserve.


Un léger grondement sortait de la gorge du lycan, un bruit sourd qui faisait vibrer sa poitrine mais qui n’avait rien de menaçant. Décidemment, Joris n’aimait pas ce son ni l’attitude réservée du garou. Il ressemblait trop à un chiot penaud après une bêtise, limite honteux.


Ce n’était pas ce Nath-là qu’il voulait en face de lui. Il savait ce qu’il lui restait à faire. Il agrippa le tee-shirt de son compagnon et l’attira doucement à lui. Puis il empauma délicatement ses joues pour relever son visage afin de voir les superbes prunelles argentées qui refusaient de le regarder en face. Pour ne pas le brusquer, le jeune homme se hissa sur la pointe des pieds pour pouvoir chuchoter son oreille.


– Nath, j’ai besoin que tu m’expliques ce qui s’est passé. S’il te plaît ?


En réponse, celui-ci enfouit son visage dans le creux de son cou et glissa ses bras dans le dos dans son Chamallow, s’agrippant à lui comme à une bouée, comme s’il voulait l’empêcher de disparaître.


– Je ne peux pas te perdre Jor, murmura alors Nath. J’étais si mal hier soir après cette stupide dispute. J’ai… J’ai cru que tu ne voudrais plus de moi… Et Blacky semblait perdu. Il… Il ne supporte pas l’idée d’être à l’origine de la déception de son âme sœur. Il est possessif. Non, nous le sommes tous les deux et nous n’avons pas supporté de voir quelqu’un d’autre poser ses mains sur toi. Tu sais, c’est la première fois que j’éprouve de la… jalousie ? Putain, que ça fait mal ! Et ça a été plus fort que nous, personne n’a le droit de toucher mon Chamallow ! Après ton départ, ne pas savoir si tu allais nous revenir était une sensation horrible, l’impression d’avoir des griffes qui déchiquetaient notre cœur. Je ne veux plus jamais ressentir ça.


La détresse de Nath était si flagrante que Joris resserra leur étreinte, lui signifiant qu’il était là maintenant, et qu’il ne comptait aller nulle part. Et tout en expliquant ce qui se cachait dans la réserve, le garou couvrait le visage de son Chamallow de petits baisers, se nourrissant de son odeur pour se donner du courage.


– Je crois qu’avec Blacky, on a voulu noyer notre chagrin. Et le seul moyen que nous avons trouvé pour nous rapprocher inconsciemment de toi, c’est… les pots de sirop d’érable et de chocolat rangés dans la réserve.


Joris n’avait pas besoin de voir le sourire qui accompagnait cette phrase. Il le sentait sur sa peau, aux picotements qui hérissaient ses poils. Tous les deux repensaient à cette fabuleuse fellation dans la réserve. Où comment son partenaire avait utilisé ces fameux aliments sucrés et parfumés pour jouer de la plus merveilleuse des manières avec son corps.


Il se tortilla dans les bras de Nath tandis que celui-ci gloussait, sachant pertinemment pourquoi il cherchait à bouger. Sa bouche traîtresse glissait et suçait les petits creux si sensibles de son cou et derrière son oreille. Son sexe se réveillait dangereusement dans son boxer et ne pouvait plus être ignoré.


– Alors vous avez joué tout seul ? haleta-t-il, cherchant à détourner l’attention de Nath sur les causes de leur présence ici.

– Eh bien, on peut dire ça de cette façon. Pour être correct, je dois avouer que Blacky a pris le contrôle, ce qui n’est pas une bonne chose en soi, mais bref, il avait autant besoin que moi de s’exprimer alors je l’ai laissé… s’amuser.


Nathanaël réussit à ouvrir la porte de la réserve avec une main dans son dos avant d’y pousser Joris à reculons, le couple toujours enlacé.

– Je n’ai pas tes yeux, j’y vois rien, se plaignit-il à son acolyte qui se pencha pour appuyer sur l’interrupteur. Mon dieu, on dirait qu’une tornade a dévasté la pièce, souffla-t-il estomaqué par la vision des débris jonchant le sol, entre les morceaux de verre et les coulées gluantes de sirop d’érable et de chocolat liquide.

– Disons que Blacky s’est roulé dedans en souvenir de… tu sais quoi. J’ai dû attendre d’être dans la douche, de nouveau moi, pour nettoyer ce qui avait collé aux poils. Il en avait foutu partout ce stupide cabot. J’ai aussi enlevé pas mal de bouts de verre non sans m’être coupé plusieurs fois. Vive la condition de métamorphe ! Mais ce bordel là, je peux difficilement le nettoyer proprement. Alors si tu voulais bien me donner un petit coup de main ? Promis, je ne le laisserai plus jamais faire le fou, c’est trop de boulot à rincer le sucre séché.


Joris ne pouvait ignorer l’inquiétude sous-jacente que Nathanaël essayait de dissimuler derrière son humour, il lui caressait le dos d’une main et de l’autre il agrippait nerveusement son bras. C’était attendrissant de voir ce grand garou mal à l’aise devant lui. Il décida d’abréger le calvaire de son compagnon.


– Je veux bien essayer de réparer vos bêtises. Mais à une seule condition, annonça-t-il d’un air sérieux.

– Tout ce que tu veux, se dépêcha de répondra Nath.

– La prochaine fois que tu sens que Blacky ou toi allez-vous mettre dans cet état, tu m’appelles avant de te transformer.


Joris passa tendrement un doigt sur les lèvres de Nath, son souffle chatouillant sa peau puis il glissa ses mains derrière la nuque de l’autre homme avant de le rapprocher de lui.


– Regarde-moi Nath lui intima-t-il. S’il te plaît rajouta-t-il doucement.


Nath lui obéit et se perdit dans la contemplation des étoiles dorées qui brillaient à l'intérieur des prunelles émeraudes de son Chamallow.


– De cette façon, je pourrais venir jouer avec vous.


Le sens de la phrase atteignit son cerveau avec un peu de retard mais la joie de Blacky gambadant joyeusement dans son esprit lui arracha un sourire puis un rire si joyeux qu’il cramponna Joris pour le faire tournoyer.


– Repose-moi tout de suite ! Nath ? On va glisser si tu continues à faire ça !


Toujours accroché à son cou, Joris inclina sa tête et pour la première fois, il embrassa Nathanaël en premier, seul moyen qu’il trouva pour arrêter la danse folle du garou. Ce dernier lui laissa mener l’offensive jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus respirer. Ils se séparèrent à regret tout en faisant attention où ils posaient leurs pieds dans la réserve sens dessus-dessous.


Avant que le lycan ne s’éloigne de trop, Joris lui attrapa la main, contempla les doigts joints et sembla prendre une grande inspiration avant de lancer :


– Allez viens. Il faut nettoyer vos cochonneries avant d’ouvrir les portes de la Tanière, sinon mon patron va nous faire une crise. Je le connais, c’est un irascible cabochard ! balança-t-il avec un clin d’œil malicieux.


Nathanaël le suivit, enchanté de découvrir une nouvelle facette de son Chamallow qui le faisait fondre encore plus d’amour pour lui, âme sœur ou pas.





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