La catastrophe n'avait pu être évitée.
Pas de Bruce Willis pour stopper ce “ mini ” Armageddon et faire exploser ce géocroiseur destructeur. Impossible de joindre les Space Cowboys, la majorité d’entre eux avaient déjà un pied dans la tombe. D’après les explications confuses des scientifiques, la Terre avait joué de malchance, à quelques milliers de kilomètres près. Ça faisait une belle jambe à tous ceux qui avaient péri suite à la collision.
L’astéroïde portait le doux nom de 99942 APOPHIS. Il avait été découvert le 19 juin 2004 seulement, par trois scientifiques de l’Université of Hawaii Asteroid Survey. Ces derniers l’avaient nommé ainsi en référence au dieu du chaos égyptien mais surtout en l’honneur du Goa’uld Apophis, le grand salaud dans la série télé Stargate SG-1 dont ils étaient de grands fans.
Alors, pourquoi APOPHIS, 325 mètres de diamètre, était-il venu s’écraser sur notre belle planète bleue ? Comment un risque infinitésimal d’une collision, envisagée vers 2036, avait pu s’accomplir sans aucune anticipation ? Et bien, aucun scientifique n’avait été capable d’expliquer pourquoi et comment il avait quitté son orbite et dévié de sa trajectoire pour rencontrer la nôtre. Un autre mystère de l’univers. La loi du Chaos avait encore frappé !
La collision avait eu lieu le 14 mai 2015 à 15 h 15, heure française, bien en avance par rapport à 2036, n’est-ce pas ? Pourquoi, je m’en rappelais aussi précisément. Tout simplement parce qu’on me l’avait assez rabâché durant toute mon enfance ! Ma mère avait eu le bon goût de me mettre au monde au pire moment vécu par l’humanité. Si ça ce n’était pas une putain de coïncidence !
Et pendant que je vivais mes premières heures respirant un air encore pur, le continent africain était rayé du globe terrestre. L’impact principal avait pulvérisé le centre du continent laissant quelques malheureux survivants ! L’hiver d’impact généré par les poussières projetées jusque dans la stratosphère avait condamné l’essentiel des territoires africains restants puis s’étaient propagées au reste du monde.
D’après les chiffres récoltés par les organisations gouvernementales nouvellement nommées de part et d’autre du monde, la catastrophe avait provoqué directement et indirectement la disparition d’au moins 60 % de la population mondiale les deux premières années. Le pire restait à venir. Apophis nous avait fait un deuxième cadeau empoisonné. Les mutations dégénératives zombielocytoses, plus communément appelées les cas de ZB.
Là encore, aucun chercheur n’avait été en mesure de clarifier son apparition et son développement aléatoire. S’agissait-il d’une émanation liée au choc de la collision qui aurait libéré un gaz ? D’une bactérie contenue dans les anfractuosités de la roche céleste contaminant l’air après son explosion au sol ? À défaut d’expliquer son origine exacte, ses conséquences, elles, avaient rapidement été analysées. En moins d’un mois, les premières mutations étaient observées chez certains êtres humains. Les sujets atteints souffraient d’abord d’une forte anémie puis leurs globules rouges restants mutaient et se nécrosaient de manière plus ou moins rapide. Il n’existait aucun schéma cohérent d’évolution de cette pandémie.
Le ZB… avait repoussé… les frontières de la mort ! Et pas dans le bon sens ! Les survivants à APOPHIS le Destructeur en avait fait la très désagréable expérience. Depuis l’incident, les rescapés se classaient en deux catégories. Il y avait les Vivants, non contaminés, aussi appelés les Norm’, devenus une espèce en voie d’extinction et donc à protéger, essayant de continuer à mener une vie normale, enfin presque. Puis les Autres : les Morts-Vivants. La race humaine devait affronter l’apparition d’une nouvelle espèce : celle des… ZOMBIES. La pire des fictions rattrapait la réalité.
Il existait trois types de ZB. La première phase, la contamination, était la plus facile à déterminer. Elle débutait lors de la mort physique d’une personne. Facile à remarquer, non ? La mort clinique ne durait qu’à peine 24 heures lorsqu’on était infecté par le ZB. À partir du “ réveil ”, le mort-vivant devenait un ZB1, ZB pour Zombie et 1 pour première phase. Court et précis, non ! ?
Le ZB1 ressemblait très fortement à un humain “ classique ”. Les caractéristiques physiques étaient assez semblables dans l’ensemble, ce qui signifiait sans dégradations visibles, à l’exception de quelques petites pustules disséminées çà et là selon l’âge de la personne au moment où le ZB avait frappé. Les yeux conservaient leur couleur naturelle. L’unique et principale conséquence du ZB1 était un goût très prononcé pour la viande fraîche et saignante.
Le passage au ZB2 restait un véritable mystère. Seule la nécrose avancée des globules rouges dans le sang pouvait vous indiquer le moment où vous entamiez cette nouvelle phase. D’où les contrôles sanitaires hebdomadaires obligatoires imposés par les gouvernements. Tous les individus devaient porter sur eux leur carnet de contrôle sanguin sous peine d’enfermement. À partir de cette seconde phase, les signes physiques devenaient de plus en plus marqués et visibles. La carnation de la peau tirait sur le blanchâtre, les yeux s’enfonçaient petit à petit dans les orbites. Les cheveux blanchissaient progressivement. Les pustules entamaient une floraison constante et progressive. L’individu ZB2 devenait un carnivore acharné de chair fraîche, ou non. La vue du sang pouvait le mettre dans un état de folie furieuse, durant laquelle il était très difficilement maîtrisable. Ces ZB2 n’avaient pas la démarche de culbuto des zombies fantômes de cinéma, ni les ZB3 d’ailleurs. Plus la mutation dégénérait, plus les sujets atteints devenaient vicieux, agressifs et rapides.
Le ZB3 était la phase ultime de cette monstrueuse mutation contre-nature, illustré par la nécrose totale des globules rouges. L’être humain s’effaçait inexorablement et laissait place au zombie ultra violent et agressif, destructeur et incontrôlable. Les yeux devenaient rouges sang, les cheveux tombaient par touffes entières, le corps était intégralement recouvert de pustules, de chairs sanguinolentes et putrides. Un cauchemar ambulant à ne pas croiser si l’on tenait un tant soit peu à sa vie.
Pour des raisons, évidentes, de sécurité nationale, les ZB3 devaient être immédiatement attrapés, enfermés et euthanasiés après divers examens médicaux et autopsies. Les milices avaient le droit de tirer à vue sur tout ZB3 fugitif. Alors, oui, il y avait de temps en temps, des accidents mortels non nécessaires, lorsqu’un ZB2 avec des dégradations physiques, plus importantes que la norme, était aperçu. Il était difficilement envisageable de s’approcher trop près d’un ZB très amoché physiquement pour lui demander ses papiers et vérifier s’il était en phase deux ou trois !
Parce que vous devez être prévenus. Dans l’hypothétique cas, très improbable, où vous survivriez à une rencontre avec un ZB, type 2 ou 3 peu importe, qui vous aurait mordu, griffé ou arraché des morceaux de chair, vous vous transformeriez en moins de 24 heures en cette semblable monstruosité ambulante. Alors, sachant cela, il était facile de comprendre les miliciens à la gâchette expéditive.
Nous étions maintenant en 2045.
Je m’appelais Zec. J’étais un chasseur spécialisé dans la traque de ZB3 en vadrouille illicite. Le récit qui va suivre appartient déjà à l’Histoire.
Les Divagations de Zéline sont mises à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France.
Kommentare