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  • zelinelebeau

Les Enfants d'Apophis - 5

Dernière mise à jour : 14 avr. 2020




L’enfant ou la mère ? Qui allais-je soigner en premier. “ Bébé Alien ” me facilita le choix en émettant un couinement sonore, preuve criante de vitalité. Je le posai délicatement dans une couverture – pas trop propre mais tant pis – avant de me tourner vers sa mère. Plus blanche que Flora à ce moment-là, il n’y avait pas ! L’hémorragie qui s’écoulait d’entre ses cuisses mit de très longues minutes à s’interrompre. Je la nettoyais du mieux possible. Mon espérance quant à sa survie ne dépassait pas la barre des 50% et encore !


Comme elle était toujours inconsciente, je devais songer à les nourrir, enfin surtout lui, dont les cris allaient crescendo. J’essayais tant bien que mal de vérifier si les seins de Flora contenaient le fluide vital pour l’enfant. Difficile de faire le tire-lait avec des mains d’homme sur le corps d’une presque inconnue ! Après réflexion, je positionnai le nourrisson de façon à ce qu’il puisse téter seul. À la puissance de ses cris, je compris deux choses : il avait TRES faim et ce qu’il y avait chez sa mère ne lui convenait pas ! La symbiose mère-fils zombies n’était pas au top. Il fallait trouver une solution, et vite ! Pour le salut de mes oreilles ! Ainsi que dans l’éventualité – probable – de la disparition de Flora.


Je me sentais déjà responsable de ce petit être, quel qu’il soit, transgressant allègrement ma règle 3. Le mettre au monde, tenir son petit corps vagissant me rendait soudain sentimentale.


J’eus soudain un éclair de génie que je m’empressais de vérifier. Bingo ! Il était normal qu’un enfant de zombie préfère boire... du sang plutôt que du lait, même maternel. J’observais le bébé, mon doigt entaillé en guise de biberon dans sa bouche. Zec 1. Stérilisation 0.


Il ressemblait à n’importe quel nourrisson humain. A l’exception d’un endroit. Un drôle de grain de beauté ornait son front. J’éclatais d’un rire nerveux. Je lui avais trouvé un nom, à ce petit garçon croisé zombie-vampire. Ah oui, désolé, j’avais oublié de vous préciser son sexe. Teal’C ! Comme le gentil Goa’uld qui luttait contre le méchant Apophis dans la série Télé. C’était d’un à-propos parfait.


Il avait un appétit d’ogre pour un nouveau-né ! Pour ne pas finir exsangue, je décidai d’aller faire des provisions d’hémoglobine. Et voilà comment je me retrouvais fournisseur officiel des pauses déjeuners du môme.


Au petit matin, je les laissai seuls pour commettre mon opération commando dans les pauvres stocks de l’hôpital de Houdan. Cela suffirait pour quelques jours, guère plus. On avisera le moment venu.


La chance me sourit encore grâce à ma rencontre fortuite avec un fuyard esseulé ZB2. En phase agressive, ce dernier s’était jeté sous mes roues pour essayer de m’attraper ! Le con ! Ma ZombieBox m’avait gentiment prévenu. Du coup, maintenant, j’avais des réserves de nourriture pour tout le monde. Il faudrait juste que je nettoie les coulures de sang séchées sur ma moto ! Le cannibalisme au final n’était qu’une notion abstraite pour ceux qui n’avaient jamais vécu une telle catastrophe planétaire !


J’allai vite déchanter, malheureusement. Vous avez remarqué comment les évènements pouvaient s’enchaîner en un clin d’œil et tout faire basculer ? J’étais en train de décharger mes “ courses ” lorsque l’enfer se déchaîna. Merde, alors ! J’étais devenu un aimant à ZB2 ou quoi ? Mon radar maison étant éteint, je ne les avais pas sentis m’approcher ces quatre-là. Autant pour mon instinct de chasseur ! Ils devaient s’être planqués dans la forêt depuis un moment, vu leur état dégradé et pestilentiel.


Pas de bol, en réalité j’affrontais des ZB3 tout frais et... affamés. Le combat s’annonçait périlleux, cette fois. Mon cerveau et mes mains prirent les commandes en mode “ expert en action ”. Il était vital de réduire rapidement le nombre d’assaillants. Mon fusil se chargea d’en éliminer un et demi. Le “ demi ” s’était pris plusieurs coups de fusil très vicieux, façon batte de base-ball et attendait, inconscient, que je l’achève. Les deux derniers me donnèrent du fil à retordre dans un corps à corps furieux, mes flingues m’ayant été arrachés. De vraies anguilles, ces macchabées. Impossible de les maintenir pour m’en servir de punching-ball, leur peau me restait dans les mains à chaque fois que j’en attrapais un. Ils donnaient l’impression de muer dans une version pourrissante made in Zombieland ! Plus ils régressaient, plus ils devenaient véloces et difficiles à exterminer.


Cette fois-ci, j’y laissais quelques plumes sans y perdre de morceaux. Le plus important en somme. Essoufflé, énervé, je m’évertuai à trouver au moins un flingue pour finir mon job. Je me relevai soudain, de nouveau aux aguets. Des cris monstrueux retentissaient dans le silence sylvestre. Pas des cris... Des pleurs ! Oh mon Dieu, non, non, non.... pas çà ! Je courus jusqu’à la porte que j’ouvris avec fracas.

Il était difficile d’imaginer une telle horreur. L’instinct maternel ne pouvait rivaliser avec la faim chez un ZB. Les yeux explosés de rouge, la chevelure clairsemée de trous, ce qui restait de Flora semblait comme possédée, toute humanité l’ayant désertée. La chose sanguinolente dans ses mains hurlait son désaccord de servir de repas. Pas le temps d’hésiter, j’attrapai un banc au passage et l’explosai sur le dos de Flora, qui, ignorant mon entrée, mordait à pleines dents dans un morceau de.... Ne pas penser ! Agir. Vite.


J’arrachais Teal’C des mains inertes de son bourreau. Les hurlements s’arrêtèrent. De nouveau le silence. J’étais anéanti par ma bêtise. Je n’avais pas attachée sa mère avant de partir. Maintenant, un bébé payait le prix fort pour mon incompétence ! Sa jambe... Sa jambe n’était plus que lambeaux, rongée jusqu’à l’... Mais... ? Qu’est-ce que... ? Incrédule, je contemplais le corps que j’avais déposé sur la table. Le sang ne coulait plus. Teal’C me fixait de ses grands yeux. Un sourire flageolant sur le visage ! Je regardai ses jambes. Incroyable ! Magique ? Régénération cellulaire accélérée ! J’avais devant moi un être qui soudain tenait véritablement plus du vampire que du zombie ! J’étais passé de l’autre côté du miroir, comme Alice. Je voyais le tissu cellulaire s’étirer, couche par couche, jusqu’à reformer une jambe parfaite, sans cicatrice ! Tout à ma contemplation, je n’entendis pas le son murmuré derrière moi, jusqu’à ce que la syllabe de mon prénom atteigne enfin les neurones de mon cerveau légèrement hébété.


En reconnaissant la voix, je me retournai afin de regarder celle qui m’appelait. J’aurais été une nana, je pense que je me serais évanoui de stupeur ! J’hallucinais ! Mon cerveau avait beugué. Je n’avais pas d’autre explication au spectacle que je contemplais. Le ZB3 qu’était devenu Flora disparaissait, là aussi, sous mes yeux ahuris. En quelques minutes, sous l’effet d’un lifting de force 5, je retrouvai la Flora d’il y avait deux jours.




Les Divagations de Zéline sont mises à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France.

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