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  • zelinelebeau

Les Enfants d'Apophis - 6

Dernière mise à jour : 14 avr. 2020





J’avais face à moi, une Flora resplendissante et… vivante ! Sa respiration résonnait dans le silence qui suivait cette extraordinaire résurrection. Le sang de Teal’C venait d’agir comme un antidote, enrayant le poison contre lequel il avait été créé.

Impossible ! Pourtant, si inconcevable que cela paraissait, cette transmutation inespérée expliquait beaucoup de choses en fin de compte. Les apprentis “ Docteurs Moreau ” de ZYMBIOTEC espéraient mettre la main sur leur expérience pour en vérifier l’efficacité potentielle. A savoir la régression du ZB grâce à du sang trafiqué d’un fœtus zombie !

Cet enfant portait en lui l’espoir de toute une planète ! Mouais, tu parles ! Encore faudrait-il qu’on accorde à cette dernière l’accès à ce formidable remède. Réfléchis, réfléchis, bon sang ! “ Sang ”. J’arrivais encore à faire des mauvais jeux de mots. Tout en souriant, j’essayais de trouver le petit quelque chose qui me chagrinait dans cette histoire sordide. Je le sentais, coincé dans un coin de mon cerveau. Si le sort de l’humanité reposait sur ce petit bout d’homme dopé aux cellules de Speedy Gonzales, il allait falloir que quelqu’un veille sur lui.


Le sort en était déjà jeté de toute manière ! Mes erreurs des derniers jours correspondaient à la partie visible de l’iceberg. Pour être honnête, j’en avais plus qu’assez d’exterminer, encore et encore. Depuis plusieurs mois, j’aspirais à exceller dans un autre domaine. Pourquoi pas dans celui-là ? Garde du corps ? Avais-je autre chose de mieux à faire ? Cela pourrait être intéressant de s’en mêler. Et puis, la cohabitation avec la mère et le fils m’apporterait surement plus que de l’adrénaline ! La “ Flora Nouvelle ” était plus qu’appétissante à regarder !


Un plan. Il me fallait un plan pour combiner la sécurité de Teal’C et la transmission de l’antidote au reste des zombies sans passer par la case “ Prison ” voire “ Elimination ”.

Oui, c’était cela le nœud du problème. Qui évoquait la possibilité d’une guérison définitive du gène ZB, mettait alors fin à l’immortalité engendrée par l’état dégénératif du ZB. Or, tout le monde n’était pas prêt à perdre les avantages qu’ils en avaient retirés. Sans oublier l’argent. Le nerf de la guerre. Les moindres gouttes de sang allaient se négocier à un prix exorbitant. La générosité et l’action humanitaire ne seraient plus de mise. Teal’C deviendrait une pompe à fric, qui serait vidée et exploitée jusqu’aux derniers globules.


Ce bébé méritait mieux. Il était un cadeau, pas de la nature certes, toutefois il ne méritait pas le sort qui avait finalement aboutit à la destruction humaine de son père biologique.


Et c’est ainsi que je rayai définitivement la Règle 3 de mon code de conduite. Exit le “ Vivre seul et survivre, plutôt que mourir accompagné mais avant l’heure ” et bonjour la Règle 4 : Protéger l’antidote sur pattes dans sa mission de sauvetage des Enfants d’Apophis.


J’en étais rendu là dans mes spéculations, lorsque la vision paisible de Flora nourrissant son bébé à l’aide d’une poche de sang me confirma ma décision de ne pas rejoindre Paris. La vie d’un enfant ne pèserait pas lourd face à l’artillerie lourde des bureaucrates ligués aux militaires. Pas de négociation. La meilleure solution restait une diffusion massive de la “ Bonne Nouvelle ” puis la transmission en direct de l’antidote.


J’avais besoin de matériel et d’une nouvelle planque. Nous allions devoir bouger. Et j’avais la cachette idéale. Un bâtiment dans le parc du zoo de Thoiry. L’ingénieur qui avait fabriqué ma ZombieBox, y avait aménagé un petit laboratoire “ multiservices ” après la période noire qui avait suivi la chute d’Apophis. Y serait-il ? Il n’y avait qu’une seule façon de le découvrir !


Sous l’œil attentif de Flora, je prélevais sur Teal’C quelques fioles de son précieux sang tout en lui expliquant mon plan.


« Notre objectif est simple : protéger ton fils et distribuer un max de goutte de son sang aux ZB que nous croiserons sans que Teal’C ne soit inquiété d’une façon ou d’une autre.


— Teal’C ? Tu as appelé mon fils Teal’C !?! me hurla-t-elle dans les oreilles. Mais c’est quoi ce nom à la con ? »

Je m’éloignais d’elle, en songeant que sa résurrection ne l’avait pas rendu moins agressive à mon égard.

« Regarde la tâche sur son front. »


Voyant son air interloqué, je dus poursuivre.


« Stargate ? Apophis ? Le gentil Goa’uld ? Teal’C ? Ça ne te parle pas ? »


Elle me regardait toujours bizarrement. Puis elle prononça plusieurs fois le prénom. A chaque fois, le bébé tournait la tête pour la regarder, réagissant comme un gamin de six ou sept mois.


« Tant qu’il n’est pas en danger, je te suivrais, sinon... »


Elle se pencha pour attraper son fils et le serrer contre elle. Elle s’apprêtait à le reposer lorsqu’un son bizarre sorti de la bouche du gamin. « Ma, Ma, Mamamamama». Finissant son babillage, il nous offrit un sourire qui illumina son visage et, nous fit ainsi admirer la belle incisive qui émergeait de sa gencive, alors qu’il n’avait même pas encore une journée d’existence !


Vite, il grandissait vite ! Trop vite ! Le regard de Flora croisa le mien. Son inquiétude soudaine trouva des échos dans mes réflexions sur la croissance exponentielle de Teal’C. La question était de savoir si Teal’C se stabiliserait bientôt pour profiter d’une vie à peu près normale ou bien si ses créateurs avaient oublié de lui intégrer des gènes de croissance classique. Et alors, combien de temps lui restait-il avant d’arriver à un âge qui lui serait fatal ? S’il vivait jusque là ?


Une nouvelle fois, nous refîmes notre paquetage. Sauf que cette fois-ci, je dus bricoler un porte-bébé ventral pour Teal’C, notre moyen de transport restant ma moto. Malgré la nuit tombante et le couvre-feu, nous partîmes. Sur le trajet, les mains de Flora glissèrent à l’intérieur de ma veste, traçant des cercles sans fin sur mon tee-shirt. Oui, la suite promettait d’être agréable. Je sentais un sourire flottant sur mes lèvres ! Mince alors, mes lèvres n’avaient pas oublié comment on faisait un sourire !


Moins d’une demi-heure plus tard, notre étrange trio arriva à destination. Hommes et animaux avaient déserté l’ancien zoo de Thoiry. Nous traversâmes le parc et allèrent jusqu’au bâtiment caché dans les bois du domaine. Le silence de ma ZombieBox ne me rassura pas pour autant. Vigilance. Nous pénétrâmes à l’intérieur, armés tous les deux. Les lumières tremblotantes nous guidèrent à travers les couloirs jusqu’au sous-sol, là où je savais trouver Marco. Vide. Le petit laboratoire-atelier était désert lui aussi. Absent ou mort ? Ma déception cachait la tristesse sous-jacente de ne pas trouver mon ami. Il était la dernière personne qui m’était proche à être encore vivante. J’observais dans le reflet d’un miroir Flora qui détachait Teal’C. Non je n’étais plus seul. Je constatai que Marco avait réalisé de nouveaux aménagements dont le grand miroir. Je commençais à sortir mes affaires du sac lorsque j’entendis un déclic derrière moi.


Ce qui suivit après restera mon pire échec et mon plus grand regret. Et si... Et si Flora ne les avait pas aperçus la première, sortant de cette pièce secrète derrière ce miroir sans tain. Si elle n’avait pas crié mon nom. Si elle ne m’avait pas jeté Teal’C dans les bras en me repoussant avec la force du désespoir. Si elle n’avait pas réussi à me bousculer dans le couloir. Si la clé n’était pas restée sur la porte... Je n’aurais pas assisté, impuissant, à sa mise à mort. Je ne me rendais même pas compte que je hurlais son prénom, ma main libre frappant sans relâche la fenêtre du couloir, aux carreaux renforcés, donnant sur le laboratoire. Teal’C pleurait. Moi, je vis la fin de mon hypothétique rêve se briser en morceaux sanguinolents et partir dans les entrailles des zombies dont Marco faisait partie.


La voix cassée, le poing abîmé d’avoir trop frappé, je m’étais laissé glisser le long du mur. Je n’arrivais même pas à réconforter Teal’C qui sanglotait doucement contre moi. Je ne sursautai même pas lorsque la porte s’ouvrir enfin, doucement, et laissa sortir Marco ainsi que trois autres personnes. Tous les quatre, hébétés de se voir redevenus humains, ne sachant pas comment cela avait pu advenir, me regardèrent pour trouver des réponses.


Marco s’était lancé dans une expérience avec un ZB2 qui avait mal tourné pour lui et ses deux assistants. La pièce secrète dans laquelle ils s’étaient cachés, bénéficiait d’un brouillage d’onde ce qui expliquait le silence de mon détecteur.


La nuit s’achevait. Je ne pouvais rester là, alors que le sang de Flora maculait encore les vêtements des ex-zombies. Après avoir indiqué à Marco le rôle d’antidote du sang de Teal’C et les effets secondaires de son absorption, je lui laissai les fioles prélevées précédemment sur l’enfant. Il saurait en faire bon usage.


Moi, je devais assurer la protection de Teal’C et la sécurité de son avenir. Parce qu’il fallait qu’il ait un futur. Sans quoi la mort de Flora n’aurait aucun sens. Et ma vie non plus d’ailleurs...


Il n’avait plus que moi pour veiller sur lui et moi je n’avais plus que lui pour faire revivre des sentiments que je croyais enfouis bien trop loin pour les voir un jour remonter à la surface. Accompagnés par un lot de souffrance et de peine.


Oui vivre c’était souffrir. J’estimais que le sourire de Teal’C en valait la peine.


L’Histoire entamait un nouveau cycle. Les Norm’ “ améliorés ” allaient assurer la suprématie de l’être humain vivant, encore une fois. Serait-ce pour le meilleur ? Ou pour le pire ?


Une moto, portant un homme et son fils adoptif, filait vers l’ouest alors que le soleil se levait sur la première journée annonçant l’ultime résurrection des Enfants d’Apophis.

Le processus était enclenché. La malédiction d’Apophis vivait ses dernières heures.




Les Divagations de Zéline sont mises à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France.

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